loterie du rp - alexis & june

épuisée. grosse journée. la poupée n'a pas cessé de courir, entre le tribunal et le cabinet. intensité désirée dans l'fond, elle ne vit que pour les journées qui défilent à cent à l'heure. ça lui permet de garder son esprit occupé à penser à ces gens qu'elle défend plutôt qu'à ses soucis personnels qu'elle préfère éviter à tout prix. déni. jolie poupée a décidé de prendre un peu de bon temps avant de retourner à la froideur de son appartement. profiter encore un peu de l'agitation humaine avant de plonger à nouveau dans le silence de sa solitude. quoi qu'elle pourrait trouver bien des façons de s'amuser. mais pas ce soir. pas envie. pas d'humeur aussi. un peu. alors elle s'réfugie dans un bar, bourdonnement rempli de vie. de quoi sustenter sa caboche fatiguée. le r'gard à moitié vide qui se perd sur une carte dont elle n'a pas réellement besoin, dans l'fond. elle sait déjà ce que sera sa libération. scotch. sec. poison qui lui brûle la gorge mais qu'elle apprécie par dessus tout. demoiselle installée au comptoir, tout ça pour noyer ses idées noires. elle se r'tourne finalement, le cul toujours vissé sur son tabouret. observation de cette salle remplie d'poch'trons. étude approfondie de ces âmes plus ou moins à la dérive. il lui est assez facile de d'viner la raison de chacun de se trouver là, un verre à la main. jusqu'à ce qu'une conversation attire son attention. malgré elle. ou pas. elle l'entend, le type lourd par excellence, qui ne sait jamais quand s'arrêter. elle a décidé de l'ignorer, un temps. parce que c'est pas son problème, que ça ne la regarde pas. parce qu'elle se dit qu'elle a assez sauvé d'gens aujourd'hui. jusqu'à ce qu'elle entende la phrase de trop. soupire qui glisse entre ses lippes entrouverte. elle avale une grosse gorgée d'alcool ambré avant d'se lever. résignée. le corps qui s'déplace jusqu'au lieux du crime. qui n'en n'est pas réellement un mais qui pourrait le devenir si elle n'intervient pas. la poupée bien trop frêle qui subit sans avoir le courage d'hausser le ton. l'avocate le f'ra pour elle. bonne action du jour, si on peut dire ça comme ça. j'crois qu't'as pas compris les trois dernières fois où elle t'a dit qu'elle n'voulait pas d'toi mon grand. qu'elle siffle, demi sourire qu'étire ses lippes fardées de rouge. tu l'ennuies et par conséquent, tu m'ennuies aussi. qu'elle poursuit. évidence. et crois-moi, t'as pas envie que j'm'ennuie. la gamine qui crache son venin. un brin sulfureuse. un brin aguicheuse. le regard dur et la silhouette qui s'glisse entre l'type et la demoiselle en détresse. tire toi avant que j'm'énerve, ça vaudra mieux. langue qui claque contre son palai. elle n'a pas envie de rire.

elle a un cœur, l'avocate. bien caché, sous une tonne de barricades. mais elle en a bien un. il suffit juste de le trouver. ou de le provoquer. elle n'est pas d'humeur, l'avocate. sa journée lui pèse encore sur l'esprit, les décisions lourdes de conséquences à prendre. grossière erreur que de penser que ce serait terminé en entrant dans c'bar. elle s'est bercée d'illusions. une fois de plus. elle sait, pourtant, qu'y a rien qui s'passe jamais bien passé une certaine heure, dans un bar. à contre cœur, elle l'a sauvé. à contre cœur, parce qu'elle rêvait de tranquillité. à contre cœur, dans un soupire, elle l'a aidé. la blonde en détresse. celle qu'est bien trop chétive pour être en mesure de défier l'inconnu insistant. elle a bien essayé pourtant, de la laisser gérer, de ne pas s'en occuper. ce n'est pas son combat. mais dans l'fond, c'est plus fort qu'elle. impossible d'ignorer plus longtemps la détresse de la jeune femme. son verre avalé bien trop vite, même pas eu le temps de le savourer. ça craint. déjà que la journée a été épuisante, si en plus on ne la laisse pas finir son verre, elle va faire rôtir quelqu'un sur place sous peu. alors la bonde attaque, toutes griffes dehors. elle susurre des mots doux remplis d'acide. elle claque les paroles et le malandrin passe enfin son chemin. pour l'instant. parce que ce genre de type est pire encore qu'une sangsue, et encore, s'il est tout seul. manquerait plus qu'il ait une meute et ce s'rait fichu. pour l'heure, la victoire est écrasante. c'est déjà ça. humm, merci. j'arrivai pas à me débarrasser de lui. léger mouvement de tête pour dire qu'c'est rien et la blonde avale c'qu'il restant dans le fond d'son verre. je peux vous offrir un verre pour vous remercier. choisissez ce que vous voulez, au fait je m'appelle June et encore merci. je sais pas ce que j'aurai fait sans vous. elle hésite, l'avocate. l'espace d'un instant, prête à retourner à son tabouret pour finir sa soirée dans son éternelle solitude. créée de toute pièce par la force des choses. par peur de s'accrocher encore à n'importe qui n'importe qui d'autre que sa famille. et puis, finalement elle se dit pourquoi pas. pourquoi ne pas se laisser aller. rien qu'une fois. cela n'engage à rien après tout. elle n'est rien d'autre qu'une inconnue de plus qu'elle aura sauvé. la même chose chef. qu'elle balance en r'gardant l'barman. Alexis. enchantée. qu'elle glisse à l'intention d'la demoiselle. vous finirez par vous y faire. en parlant du type désagréable. vous finirez même par apprendre à vous en débarrasser. l'sourire en coin qui étire ses lippes bien malgré elle. poupée plus douée pour rembarrer que pour accepter. avec le temps, ça d'vient plus facile. avec le temps.

elle a décidé d'rester alors qu'elle pouvait très bien s'barrer. elle a décidé d'rester et d'se laisser aller. elle ignore pour quelle raison cela dit. et p'tre même qu'elle ne veut pas savoir, non plus. la caboche trop pleine de fumée. d'idées embrouillées. d'pensées embrumées. elle ne sait pas c'qu'elle fait, elle ne sait pas non plus pourquoi elle le fait. elle s'laisser porter par l'instant présent. simplement. sauver les miches d'une poupée trop fragile. accepter d'se faire offrir un verre en guise de remerciement. donner son prénom. rassurer la même poupée qui semble s'accrocher. à tout et à rien à la fois. j'en suis pas vraiment sûre mais en tout cas j'espère. c'est bien dans l'fond, il paraît que l'espoir fait vivre. elle y croit pas l'avocate, sinon y a bien des choses qu'elle aurait faites autrement. pour continuer à vivre. probablement. c'est quoi votre technique pour les faire fuir les hommes comme ça ? je vous avoue que j'aimerais bien la connaître parce que je suis pas sûr qu'il y aura toujours une âme charitable qui viendra me sortir de ces situations. l'avocate trouve qu'elle parle trop, la blonde. elle qui ne se serait contenté que de peu de mots pour la soirée, la voilà qui coule sous un flot d'paroles incessantes. en tout cas vous avez été parfaite, on aurait dit que vous aviez fait ça durant toute votre vie. toute sa vie. le goût de l'amertume qui lui brûle la gorge. elle ne l'écoute qu'à moitié. palabres lointaines qu'elle connait pourtant par cœur, ou presque. le discours qu'elle a deviné à l'avance dans l'regard plein d'gratitude de sa compagnie du soir. elle n'a rien laissé paraître de ses pensées divergentes pourtant. la poupée maîtrise son art à la perfection depuis toutes ces années à s'entraîner. les petites mimiques de son visage, expressif, font le reste. l'barman qui dépose un verre tout neuf devant elle et la voilà sauvée. elle ne se précipite pas pourtant. faut bien jouer son rôle, après tout. la clé, c'est l'assurance. suffit de croire c'qu'on dit. si la conviction est assez grande, ça roule tout seul. elle hausse les épaules l'avocate. la persuasion fait tout, elle le sait. elle l'a appris. pour son métier, certainement. mais aussi à ses dépens. malheureusement. pis, faut pas les laisser s'approcher d'trop non plus. surtout en fait. parce que ça aussi c'est important. les hommes dupent bien trop aisément. avec leurs questions remaniées et leurs regards nuancés. tu l'as laissé te poser trop d'questions, c'est pour ça que t'as pas pu t'en débarrasser. l'analyse précise et sans doute précieuse aussi. ne jamais trop en dire. ne jamais laisser la porte ouverte. à moins que ce soit ce que l'on recherche. pardon, j'peux te tutoyer hein ? qu'elle demande quand même. brin de politesse. faut qu'elle s'ouvre la poupée. faut qu'elle essaie. ça ne lui ferait pas d'mal, pour sûr.

elle essaie, Alexis. d'être plus accessible, de sortir de sa zone de confort. elle tente de laisser entrer une inconnue dans son espace personnel. elle qui passe son temps à se replier sur elle-même, instinct de survie. auto-défense. elle essaie parce que les mots de son père la hante encore. tu finiras seule Alexis. tu finiras seule parce que t'es pas capable d'aimer. regarde-toi, t'envoies ton propre père en taule. et après tu dis qu't'es entourée. personne ne voudra jamais d'une traitresse. personne. jamais.  il ne la connait pas. il ne sait pas qui elle est. il ne sait pas tout ce qu'elle a traversé. lui qui a voué sa vie à la haïr pour une raison que le monde ignore. et pourtant, elle ne peut s'empêcher d'penser qu'y a p'tre un fond de vérité dans ces allégations foireuses. elle ne se laisse pas approcher si facilement, à moins qu'elle l'ait décidé. poupée bien trop sauvage pour se laisser amadouer. une fois de plus. ça l'a brisé, la dernière fois. elle s'est jurée de ne plus jamais recommencer. hantée par les erreurs du passé, elle a bien trop souffert de s'ouvrir qu'elle se refuse catégoriquement tout écart. enfin, jusque là. bien trop douée pour jouer la comédie, elle s'dit que ce ne serait pas si mal si elle donnait du lest à son côté maniaque du contrôle. alors elle s'joint à la blonde parce qu'elle est bien trop inoffensive pour la bousculer d'trop. cobaye de choix qu'elle conseille même, pour éviter qu'ce genre de chose ne se reproduise. c'est pas la plus douce, l'avocate. y a qu'à l'entendre parler pour s'en rendre compte. mais au moins, elle peut dire avec fierté qu'y a jamais personne qui vient l'emmerder comme ce type l'a fait avec la d'moiselle. oui bien sûr que tu peux me tutoyer. je peux aussi ? elle lève son verre, l'avocate. j'pense que rendues où on en est, la question ne s'pose pas. semblant d'sourire. parce qu'elle ne sait pas encore les offrir sans voile. enfin, à part à sa fratrie. et sans doute aussi à James. mais ça, c'est encore autre chose. gorgée d'liquide ambré qu'elle avale sans broncher. et si on ne parle pas avec eux, comment est-ce qu'on rencontre quelqu'un ? elle se retient d'éclater d'rire, Alexis. de toutes ses forces. y a un p'tit rictus qui vient déformer ses lèvres tellement la question est absurde. en son sens, bien évidement. parce que je suis pas sûre que l'ignorance de la gente masculine me permette un jour de rencontrer le bon déjà que ça n'arrive pas maintenant. elle passe une main dans ses cheveux avant d's'accouder au comptoir, tête posée sur sa paume, le regard fixé sur la jeune femme. parce que tu crois sincèrement que tu trouveras l'prince charmant dans un bar ? ce genre de bar ? elle est sérieuse la blonde. les comtes de fées, elle n'y croit pas. elle n'y croit plus. y a qu'dans les films qu'ça fonctionne ces conneries. bien trop terre à terre, la Jenkins. après, j'veux pas briser tes rêves ma grande. alors j'te dirais seulement de trouver un juste milieu entre contrôle et ignorance. qu'elle poursuit avant d'aller récupérer sac et manteau qu'elle avait laissé un peu plus loin. la poupée s'installe sur l'tabouret à côté d'la blonde qu'elle a sauvé. c'est toi qui décide qui tu veux laisser entrer ou pas dans ta vie. et ça passe avant tout par une maîtrise des informations que tu décides de dévoiler. t'es pas obligée d'tout dire dès l'départ. t'es même pas obligée d'dire la vérité si ça t'fait plaisir. du moment qu'c'est toi qui mène la danse et qu'ils croient qu'c'est eux qu'ont l'contrôle. triste vérité, secret partagé. l'avocate qui file des tuyaux en matière d'drague. on aura tout vu. ça n'a aucun sens qu'elle s'invente mentor d'une nuit, et pourtant, c'est c'qu'elle fait. elle doit certainement paraître pour une anesthésiée des sentiments. et c'est p'tre bien c'qu'elle est, dans l'fond. à moins que ce ne soit encore que ce qu'elle veut bien laisser croire.

elle n'a absolument aucune idée de la galère dans laquelle elle vient de s'embarquer. pas très douée pour les relations humaines, elle ne sait que plaider la cause de ses clients. elle ne sait que baisser les barrières quand elle est avec ses proches. mais pour le reste, la poupée tâtonne. réminiscence du passé, brisé. proie facile pour un coup d'essaie, elle verra bien où toute cette mascarade finira par la mener. la blonde qui chercher à s'caser quand elle cherche par tous les moyens à fuir les relations. poupée amochée. elle ne mâche pas ses mots, l'avocate. elle ne le fait jamais. toujours aller au but, ne jamais arrondir les angles. c'est p'tre bien ça, son problème après tout. elle qu'a la capacité émotionnelle d'une p'tite cuillère. il s'agirait p'tre qu'elle commence à s'adapter aux us et coutumes de la vie. je comprends où tu veux en venir. ça à l'air si simple quand tu le dis mais je sais pas si j'en suis vraiment capable. la froideur d'un cœur n'est pas donnée à tout l'monde. elle voudrait s'en passer, parfois, Alexis. premièrement, je sais pas maîtriser mes paroles. quand on me pose une question j'y réponds. je me pose pas de questions mais peut-être que je devrais ? bien trop gentille, bien trop innocence. elle s'fera croquer par la vie, si elle n'a pas encore planté ses crocs dans sa chair. elle s'fera balloter, à droite, à gauche. elle se f'ra malmener. et le pire, dans tout ça, c'est qu'elle n'y verra rien. rien d'autre que du feu. pour ce qui est de mentir, j'ai jamais été bonne à ça. on me détecte à des kilomètres à la ronde. mais j'essayerai. je me remémorerais le mot "contrôle" comme un signal d'alarme. la d'moiselle qui prend son enseignement bien trop au sérieux. l'avocate qui n'pense clairement pas être une bonne mentor. y a qu'à r'garder où elle en est. poupée déchirée. même pas capable d'comprendre c'qu'elle ressent pour son collègue de bureau. même pas capable de songer à s'poser. encore une fois. pas lâcheté ou juste par peur de fracasser les morceaux à peine recollés. t'es pas nécessairement obligée d'mentir. suffit simplement de ne pas tout dire. demi sourire, encouragement silencieux. sélectionner les informations importantes, sans trop en dévoiler. reformulation inutile mais qu'elle s'attarde tout de même à dire. par exemple, ils se tapent royalement de c'que tu as fait de ta journée, ni même comment elle s'est passée. c'est que d'la politesse déguisée. le but c'est d'avoir un avant-goût de ta soirée. ça et rient d'autre. cynisme déconcertant. c'est c'qu'elle fait. elle aussi. en un sens. pour le coup, elle est bien placée pour en parler. après, y a des exceptions hein, j'dis pas l'contraire ... m'enfin l'temps qu'tu les trouves. haussement d'épaules, nouvelle gorgée. elle est pas douée pour filer de l'espoir, Alexis. elle n'en n'a plus à refourguer. elle qui lui avait tout donné. à lui. jolie poupée noie ses blessures dans l'travail, l'alcool et l'sexe. y a plus qu'ça qui la maintient en vie. persuasion sans doute mal placée. et toi, où est-ce que t'as appris à être comme ça ? elle a d'la difficulté à déglutir, l'avocate. l'impression qu'son palpitant a cessé d'battre. claquement d'doigt imaginaire. le temps s'arrête. retour en arrière. l'regard qui fixe le fond d'son verre. ça n'a aucune importance. qu'elle murmure en sifflant c'qu'il lui reste de scotch. signe au barman de lui r'mettre la même chose. va falloir t'endurcir ma belle et y a du travail à faire. qu'elle balance en la regardant à nouveau. ok. qu'est-ce que tu dirais à un type qui t'accoste en temps normal ? qu'est-ce que tu lui racontes en général ? elle change de sujet. plus facile de reporter son attention sur la blonde que d'garder son histoire en pleine lumière.