bonfire heart (alexis)

le temps passe lentement, trop lentement. et c’est un soupir qui s’échappe de tes lèvres quand tu te rends compte que seulement quelques minutes se sont écoulées depuis que t’as levé la tête pour regarder l’horloge pour la dernière fois. t’es plongé dans les mêmes dossiers depuis des heures déjà, mais t’as l’impression de n’avoir rien avancé. si ça tenait qu'à toi, tu serais déjà parti depuis longtemps. t'aurais tout remis à demain tellement t'as la tête qui va exploser. entre les papiers qui s’accumulent sur ton bureau, les mails que t’as pas encore eu le temps de trier, le fantôme d’astra qui te hante encore la nuit et qui souffle doucement des mots durs au creux de ton oreille. et puis, il y a elle. celle que tu vois de temps à autre dans les couloirs du cabinet. celle qui éveille en toi des choses insoupçonnées. celle que tu chasses de ta tête dès qu'elle envahit tes pensées. et quand vos regards se croisent, c’est tout ton être qui picote un peu. comme si c’était une sensation nouvelle, un genre de sentiment que tu connaissais plus depuis longtemps. t’arrives plus à te concentrer, tout se mélange devant toi, alors tu décides d’aller prendre l’air cinq minutes. le froid caresse ton visage quand tu passes la porte du cabinet. alors tu prends quelques minutes pour te remette les idées en place. faut que tu trouves un moyen pour accélérer le temps. en rentrant, tu passes par les toilettes, pousses la première porte que tu vois, ignorant le dessin féminin inscrit dessus. t’entends des pas derrière toi, mais tu t’en préoccupes pas. de toute façon, t’es pas venu ici pour faire la conversation. et quand la porte s’ouvre, quand tu te rends compte que t'es pas là où tu devrais être, c’est la surprise qui se répand sur ton visage. c’est ton cœur qui rate un bond quand tu t’aperçois que c’est elle. alexis, plantée devant toi, le regard bien ancré dans le tien. c’est tes yeux qui se posent quelques secondes sur elle avant de te rendre compte que sa chemise a disparu et qu'elle se retrouve dans ses mains. tu détournes le regard rapidement, comme pour te convaincre que t'as aucune envie de regarder. alors que le désir de tourner à peine les yeux te brule de l'intérieur. – qu’est-ce que tu fais là ? c’est tout ce que tu trouves à dire tellement t’es gêné. alors que c’est toi qui a poussé la mauvaise porte et qui vous met dans cette situation. tu soupires à nouveau. comme si le destin voulait vous réunir tout en se moquant vraiment de vous.

ses talons claquent sur le sol. la poupée est en retard. elle s'mettrait à courir si encore elle s'en sentait capable. ceci étant, ce serait prendre le risque de renverser son si précieux café et elle ne le permettrait pas. tête embuée par les tourments familiaux, la poupée a l'esprit ailleurs. depuis quelques temps déjà. depuis qu'elle a renvoyé son père en taule. dilemme familiale qui éprouve son palpitant déjà usé. les hauts et les bas de la vie la malmène mais elle garde la tête haute. en apparence tout du moins. c'est déjà ça, paraît-il. elle a des dossiers à traiter, la blonde. elle ne peut pas se permettre de se laisser aller. elle se doit de garder la tête froide pour les autres, ceux qu'on besoin d'elle. force de caractère qu'elle s'est forgée au fil des années. la poupée dépose son sac à main sur son bureau, s'laisse probablement tomber un peu trop précipitamment sur son fauteuil. et c'est le drame. et merde, fait chier bordel. qu'elle grogne entre ses dents serrées. le liquide noir et brûlant qui se déverse sur son chemisier. qu'elle connerie d'porter du blanc aussi. encore une chance qu'son pantalon n'ait rien pris. avantage d'avoir toujours une tenue d'rechange planquée dans son bureau pour ce genre de connerie. elle qu'est pourtant pas maladroite d'ordinaire, un accident est pourtant si vite arrivé, de son fait ou non d'ailleurs. elle souffle, poupée râleuse, avant d'prendre les devants et d'se rendre dans la salle de bain pour tenter d'sauver son vêtement. elle ne fait pas attention, la gamine, bien trop préoccupée par la situation actuelle. elle se déleste de sa veste qu'elle pose sur la tablette proche du lavabo. elle retire son ch'misier rapidement, se retrouvant bien trop vite en dessous. dentelle blanche. l'regard rivé sur la tâche de café. bruit qui s'manifeste et la poupée qui tourne la tête. les iris qui s'croisent. elle qui ne baisse pas l'regard. probablement trop surprise par la situation plus que gênante dans laquelle elle se retrouve. ça aurait pu être n'importe qui qu'elle n'aurait pas autant bloqué. mais là, c'est bien différent. elle ignore encore les tenants et les aboutissants de cette histoire. elle ne comprend même pas pourquoi ça lui importe autant. son r'gard qu'elle croise de temps à autre et qui lui donne le feu aux joues. sans trop savoir pourquoi. elle évite de se poser des questions pourtant, parce qu'elle a bien peur des réponses qu'elle pourrait deviner. alors elle ignore, elle balaie du revers de la main et ça suffit. divine utopie. qu’est-ce que tu fais là ? elle s'râcle la gorge, mal à l'aise. elle d'débarrasse de son chemisier et attrape sa veste pour couvrir son corps bien trop dénudé pour que ce soit autorisé. toi, qu'est-ce que tu fais là surtout ?! qu'elle rétorque, gamine prise dans l'urgence. si y en a un des deux qui n'doit pas s'trouver là, c'est bien toi. elle grimace, jolie fleur probablement couleur pivoine. à moins que j'me plante complètement sur ton compte, et qu't'aies changé d'genre entre temps. elle hausse les épaules. elle n'sait pas où s'mettre. pas vraiment. la jolie blonde qui r'serre son emprise sur les pans d'sa veste afin de dissimuler sa gêne.

t’as voulu te rafraichir les idées en allant dehors cinq minutes, mais t’es pas mieux qu’avant quant tu pousses la mauvaise porte. tu te rends compte que tu devrais pas être là uniquement au moment où c’est elle que tu vois débarquer derrière toi. ton cœur qui rate un bond, tout ton corps qui se tend, encore plus quand tu la vois se battre avec son chemisier tâché. et que t’aurais jamais du la voir comme ça, ou du moins pas ici. mais t’es gêné. plus gêné que si ça avait été n’importe laquelle de tes autres collègues. et ton regard se détourne, où tu peux d’ailleurs, parce que les miroirs qui vous entourent te permettent de regarder la beauté de cette femme sans trop de difficulté. et y’a la veste qu’elle remet sur elle, à juste titre pour se cacher, sans enfiler le chemisier tâché. – comment ça qu’est-ce que je fais là ? c’est pas les toilettes des hommes ici ? et quand tu regardes autour de toi, tu t’aperçois qu’il manque des éléments dans le décor. que c’est toi qui t’es véritablement trompé. t’hésites à partir tout de suite, à faire comme si de rien était et regagner ton bureau en silence. mais y’a quelque chose que tu pourrais pas décrire qui te laisse planté là, les deux pieds bien trop ancrés dans le sol pour déguerpir. y’a sa petite blague qui te fait sourire malgré la situation. ces quelques mots que tu prends volontiers pour te détourner de ce moment terriblement gênant. – oui en fait, c’est ça, je l’ai dit personne, tu m’as démasqué. rôle joué à la perfection pour t’extirper de la difficulté que ça te pose de la voir là comme ça devant toi. attention détournée de son corps que tu fais tout pour ne pas regarder. – dis le à personne s’il te plait, je préférerai faire une annonce officielle. et tu ris légèrement, tentant tant bien que mal de détendre l’atmosphère. et de te détendre toi-même par la même occasion. le moment de gêne est passé, tu devrais plus être aussi embarrassé. mais y’a quelque chose qui se passe en toi, quelque chose que t’arrives pas à expliquer. au fond, tu te doutes bien que c’est la présence d’alexis qui te met dans cet état-là. encore plus quand tu la surprends comme ça alors que tu l’avais pas anticipé. – accident de boisson ? que tu demandes pour faire la conversation. même si tu devrais déjà être assis à ton bureau la tête plongée dans les dossiers, t’es bien décidé à faire durer ce moment un peu plus longtemps. prolonger le plaisir quelques minutes de plus. comme tu l’as tant rêvé.

bouche sèche, gorge nouée. la poupée ne saurait sur quel pied danser. gêne évidente. tension palpable. y quelque chose dans l'air qu'elle ne saurait décrire. quelque chose qui vient la chercher au plus profond d'elle-même. cette sensation qui lui murmure des insanités qu'elle s'imagine écouter. juste l'espace d'une seconde. avant de retourner vers la douce compagnie de la raison. elle s'indignerait presque d'avoir de telles pensées qui lui traversent l'esprit. courant d'air. la poupée se ressaisit, parce qu'elle n'a pas le choix. la poupée qui clame l'imposture d'une homme qui ne devrait pas se trouver là. devant elle. dans les toilettes des filles. comment ça qu’est-ce que je fais là ? c’est pas les toilettes des hommes ici ? elle soupire. lourdement. un peu malgré elle. un peu parce que la raison l'y oblige. son palpitant qui se laisserait bien tenter par un peu de légèreté. sa tête qui ignore les yeux doux de son organe vital. de toute évidence, non. lippes qui s'pincent, l'ton probablement plus sec qu'elle ne l'aurait voulu. la d'moiselle qui recouvre son corps beaucoup trop dévêtu. la vanne facile qui s'en suit. comme pour s'faire pardonner de sa sévérité. elle qu'est pourtant connu pour être une véritable ordure, lorsqu'elle défend ses clients. la douceur dont elle sait faire preuve une fois sa robe d'avocate mise de côté. elle n'avait pas l'intention d'être aussi désagréable bien que la situation s'y prête assez. Alexis s'flagelle intérieurement d'être aussi conne. des fois. et une fois qu'elle s'est réprimandée en silence, elle s'demande pourquoi. elle s'demande pourquoi elle s'en veut dès qu'ses iris croisent les siennes. elle s'demande pourquoi elle a les joues qui lui chauffent quand ils s'croisent dans les couloirs. elle s'demande pourquoi, étrangement, ça ne la dérange pas plus que ça qu'il soit là, d'vant elle, à cet instant présent, dans la situation présente. les questions qui s'bousculent et qui ne trouvent pas de réponse. que des points d'interrogations en suspens. qui finissent immanquablement par s'évaporer. nuage de fumée. oui en fait, c’est ça, je l’ai dit personne, tu m’as démasqué. dis le à personne s’il te plait, je préférerai faire une annonce officielle. elle retient l'rire qui lui démange la trachée. tête baissée pour contenir son envie d'explosée. poupée beaucoup trop classe pour se le permettre. ou alors c'est la timidité naissante et enivrante qui l'y oblige. hm hm. qu'elle acquiesce par simple onomatopée. bien sûr. qu'elle souffle, rieuse. joueuse. pulpeuse. dire quoi ? elle joue l'innocente. ça lui va bien quand on y r'garde de plus près. sourire complice qui s'en suit, comme si l'secret allait être bien gardé. encore une connerie à ajouter sur la longue liste de celles qu'elle entasse dans un coin d'sa mémoire. accident de boisson ? elle reporte son attention sur son chemisier. elle soupire, lourdement. comme si la perte de son vêtement était une tragédie. futilité dont elle pourrait se passer avec aisance mais qu'elle a envie de dramatiser. toujours sans trop savoir pourquoi. ouais ... qu'elle grimace en pointant du doigt la tâche assassine. c'qui m'agace le plus, c'est d'me dire qu'il va falloir que j'me rabatte sur le café infecte de la salle de réunion. désespoir certain. pour sûr que l'café qu'elle avait acheté aurait meilleur goût. s'il ne s'était pas rependu sur elle. la vie est cruelle. rappelle moi de me venger quand mon karma se sera calmé. supplique à peine voilée. gêne oubliée, envolée. comme s'il était des plus normal de discuter dans cet endroit. dans sa tenue à moitié complète. la poupée qui s'détend peu à peu, faisant fî de tout ce qui pourrait arriver. parce que dans l'fond, son palpitant rouillé prend lentement le dessus sur sa raison. sans qu'elle ne s'en rende compte.

tu te retrouves là, dans une situation gênante, que t’aurais préféré éviter. et il a fallu que ça tombe sur elle. que la seule personne, que tu croises à ce moment-là dans cette pièce et si peu vêtue, soit alexis. t’essayes de pas trop la regarder, même si les miroirs sont partout et qu'ils t’offrent une vue plutôt agréable sur son corps qu’elle essaye tant bien que mal de cacher avec sa veste. tu sais pas pourquoi tu te sens aussi mal à l’aise. ça aurait pu être n’importe qui et t’aurais quitté les lieux en t’excusant, esquissant un petit sourire complice à la prochaine rencontre ou rigolant de cette mésaventure à la machine à café. mais là, t’es comme pétrifié, comme encré dans le sol, incapable de faire un pas pour quitter les toilettes. peut-être parce que c’est elle. et que ça rajoute une dimension au côté embarrassant de cette situation. peut-être parce que ton cœur s’emballe un peu plus qu’il ne devrait quand elle est là devant toi. tu ne réponds rien quand elle te confirme qu’ici ce n’est pas les toilettes des hommes et que c’est toi qui a poussé la mauvaise porte. tu gardes le silence en guise de réponse, un peu trop embarrassé pour dire quoi que ce soit. pas malheureux qu’elle ajoute une touche d’humour pour détendre un peu l’atmosphère. perche que tu saisis tout de suite pour oublier que tu ne devrais pas être là. – je te remercie. que tu lui glisses doucement, le sourire aux lèvres, partageant un petit moment de complicité issue d’une situation que tu n’as pas vraiment voulu provoqué. la question sur les circonstances de l’incident est posée. banalité pour allonger le temps de la conversation, alors que tu devrais être de retour sur ta chaise, plongé dans tous les dossiers qui t’attendent. – c’est vrai que c’est un drame. continuant sur le même ton qu’elle, le sourire toujours accroché à tes lèvres. – vraiment degueulasse ce café. que tu ne peux pas t’empêcher d’ajouter de façon plus spontanée. t’en prends pas souvent, parce que le goût est infecte. – je n’y manquerai pas. hochement de tête pour lui assurer que tu iras jusqu’au bout de ta mission. même si tu risques d’avoir oublié d’ici quelques heures, la tête beaucoup trop prise par tout ce qu’il se passe autour de toi en ce moment. – mais tu devrais faire attention, ça risque de se retourner à nouveau contre toi et je doute que tu veuilles encore avoir une chemise tachée ou devoir boire le café de la salle de réunion. conseil avisé de quelqu’un dont le karma est en train de le couler depuis quelque temps. mais tu gardes le moral, james. du moins t’essayes. t’esayes d’avoir l’air normal au bureau alors que tu n’arrives pas à te concentrer plus de cinq minutes. t’essayes de faire comme si tout allait bien alors qu’en vérité t’es submergé de tous les côtés. comme un bateau en train de couler lentement. – ça te dit de sortir boire un verre après le boulot ? demande échappée à voix haute sans que tu t’en rendes compte. et c’est tes joues qui s'empourprent à la suite de tes paroles. – avec les collègues je veux dire. que tu rajoutes avec un petit sourire. tentant tant bien que mal de ne pas rendre la situation encore plus embarrassante qu’elle ne l’est déjà.