treat people with kindness (oskar)

L’anniversaire de la mère. Un événement pour la famille Pearce. Zoey était comme chaque année enthousiaste à l’idée de pouvoir voir les prunelles de sa mère s’illuminer. La fratrie au complet ! Que demander de plus pour une mère ? Enfin, c’était sans compter l’ambiance électrique qui faisait toujours son apparition. Tôt ou tard. C’était devenu une espèce de tradition. Et bien qu’à chaque fois, elle croisait secrètement les doigts pour que tout se passe à merveille, elle savait au plus profond de son âme que les choses imploseraient. Tôt ou tard. Et cette année n’avait pas échappée à la règle. Tout était bon pour lancer des piques, pour critiquer, pour blâmer Oskar. Le choix de son cadeau. Ses choix de vie. Sa manière de travailler, de parler, de traiter les clients. Tout était sujet à critique. Zoey avait beau essayé de temporiser par quelques blagues et anecdotes … tout revenait toujours à Oskar. Inlassablement. L’anniversaire de la mère s’était cette année aussi se finir dans les larmes, les cris et la rancœur. « Est-ce que t’étais obligé de t’en mêler, Gave ? » lâcha-t-elle d’un ton las et déçu. « Vous pourriez faire au moins un effort le jour de l’anniversaire de maman. Un jour. Au moins un jour.» Les sourcils de la blonde s’étaient froncés, les poings s’étaient serrés alors qu’elle avait suivi du regard sa mère se diriger à l’étage, l’air triste suivie de très près par le père de famille. Les emballages cadeaux se trouvaient répartis sur la table du salon. Les tasses de café étaient encore chaudes. « Pourquoi est-ce que tu me balances ça à la tronche Zoey ? Ce n’est pas moi qui aie commencé ? Est-ce que tu n’as vu son air arrogant … » Elle se levait d’un bond du canapé pour commencer à débarrasser la table, lui faisant d’un signe de tête comprendre qu’il devait faire la même chose. « Non, en effet, je n’ai pas vu. Je crois d’ailleurs que vous devenez tous dingues. Complètement dingues. » Ils se dirigèrent ensemble vers la cuisine. « Quand est-ce que vous allez enfin enterrer la hache de guerre ? Arrêter de remuer le passé … C’est normal que ce soit la plus jeune qui soit la plus sensée dans cette famille ? Bordel ! Vous faites chier ! » Agacée, elle avait conclu son petit monologue d’une voix un plus forte, en claquant presque violemment la porte du lave-vaisselle. Et puis elle avait pris la direction de la porte d’entrée. L’anniversaire était raté. Tout était raté. Encore une fois, ses abrutis de frères gâchaient l’ambiance, la laissant au milieu du champ de bataille. Avec comme un arme, un couteau suisse rouillé.

Direction Oskar. Elle se devait de lui rendre visite. Il était seul. Sa mère serait avec son époux qui la laissera se lover contre elle. Gavin serait dans le tableau familial, ayant le bon rôle, une fois encore. Il était de son devoir de se rendre chez Oskar. Elle ne voulait, ne pouvait pas le laisser seul. Plus jamais. Au volant de son pick-up, elle se rendit alors chez lui. Tapant à la porte plusieurs fois. La crise avait pris fin il y a de cela une heure, voire une heure trente. Le temps de ranger, de s’engueuler elle-aussi avec Gavin. Il apparut dans le cadre de la porte et elle la poussa doucement pour s’y glisser. Sans gêne. Mais, elle avait le droit, elle était sa sœur, non ? « Je suis désolée que ce se soit encore une fois passé comme ça ? » Elle leva les bras pour montrer une petite boite en plastique dans laquelle elle lui avait pris un bout de gâteau. « Vu que j’ai passé la veille plusieurs heures à préparer ce truc, je me suis dit que je te ramènerais un bout aussi … et qu’on se le mangerait ensemble ce gâteau … » Un sourire angélique vint se poser sur son visage de porcelaine. La candeur brute.

Spoiler:

@Zoey Pearce

les cinquante-neuf ans de la mama. toute la famille réunie pour l'occasion. zoey, gavin, william et toi; tous autour d'elle en ce jour festif. jour idéalisé parce que tout le monde sait que vous êtes loin d'être la famille parfaite. tu sais qu'elle en rêve depuis des années. avoir sa famille réunie au complet, sans prise de bec, sans un mot placé plus haut que l'autre, sans coup de gueule ni bagarre. tu fais tout ce que tu peux pour la ravir. tu prends sur toi. te prépare mentalement à supporter père et frère. remarques et reproches. tout ce qu'ils pourraient te balancer à la gueule. comme d'habitude. tu portes ton attention sur la mama, la personne la plus importante autour de cette table à tes yeux. elle puis zoey qui n'a jamais rien demandé non plus. qui se retrouve constamment entre vous. sans le vouloir, sans jamais pouvoir faire changer les choses. résultats tout aussi catastrophiques qu'à l'accoutumé. contraint de devoir quitter la demeure familiale pour éviter d'envenimer la situation. le regard affligé dans les yeux de celle qui t'a mis au monde quand tu t'es levé de ta chaise. "encore bon anniversaire maman, j'espère que ton cadeau te plaît." les derniers mots que t'as soufflé au creux de son oreille avant d'embrasser sa joue sous les regards dégoûtés et pleins de reproches des deux autres mâles de la tribu.

retour à l'appartement, le moral miné. tu es seul, kamila n'étant pas là. elle était partie quelques jours plus tôt, un peu déçue de ne pas pouvoir venir saluer nora, ta mama. elle et kamila s'entendent très bien, une vraie chance. tu sais qu'elles s'apprécient énormément toutes les deux, ce qui n'est pas forcément le cas avec ton père. quelque part, ça t'arrange bien que kamila n'ait pas été présente aujourd'hui. t'as nullement envie de la mettre elle aussi dans des situations inconfortables. même si tu t'y étais préparé, t'étais quand même déçu par cette journée. tu traines les pieds jusqu'à cette petite pièce qui te sert d'atelier. c'est là que t'entreposes toutes tes petites créations de bois. là que t'aimes te rendre quand t'as pas trop le moral. là que tu laisses libre court à ton imagination. un lame ou une pointe à la main. des planches et des rondins de bois dans un coin de la pièce. les copeaux de bois encore présents sur le plan de travail, restés là depuis ta dernière crise créative. pensif, tu passes tes doigts sur l'étagère en noyer dressée contre le mur et attrapes un sapin sculpté qui traîne par là. tout ce que tu aimes et détestes à la fois. une passion qui te ramène sans cesse à l'origine de tes problèmes, quoi que tu fasses. si seulement tu pouvais changer les choses... t'es là, à contempler avec désespoir toutes les erreurs de ta vie quand la sonnette de l'appartement retentit. extirpé de tes songeries, tu reposes l'objet et fais demi-tour, marchant jusqu'à la porte d'entrée. quand tu ouvres la porte, le visage de zoey apparaît. tu ne peux t'empêcher d'esquisser un léger sourire. elle est probablement la plus mature de la fratrie pearce, bien qu'elle en soit la cadette. "tu sais zoey, c'est pas de ta faute. t'y es pour rien." elle a toujours été de ton côté, toujours à croire en toi. "t'es la meilleure d'entre nous, j'espère que tu le sais au moins.. merci, c'est gentil" tu dis en refermant la porte derrière elle. "je suis déçu pour maman, je sais qu'elle voulait qu'on soit tous là. c'était important pour elle.. j'ai essayé zoey.. enfin, t'as bien vu." tu ne dis pas ça pour te dédouaner ou de te déculpabiliser. tu sais que t'as tes tords et que les choses ne s'arrangeront pas aussi facilement, même si tu t'appliques à essayer. "il a l'air super bon en plus ! maman devait être contente.. c'est son préféré ?" tu demandes en te dirigeant vers la cuisine. d'un placard, tu sors deux assiettes et les déposes sur le plan de travail face à toi. "je suis sûr qu'ils ont craché sur ma gueule quand je suis partie.. qu'est-ce qu'ils ont dit cette fois?" tu ajoutes persuadé que des horreurs avaient été prononcées dans ton dos. tu les connais que trop bien.

 « Tu sais Zoey, c'est pas de ta faute. T'y est pour rien. T'es la meilleure d'entre nous, j'espère que tu le sais au moins.. merci, c'est gentil. » Et, quand elle passe devant lui pour entrer dans son appartement, elle se contente de lui lancer un petit sourire amusé et fier.  « Évidemment que je le sais. J'en viens même parfois à me demander si je ne suis pas adoptée ou si papa et maman n'aient pas été très économes avec la livraison de neurones pour les premiers paquets pour finalement tout me donner... » Ne pas dramatiser la situation. Zoey aimait détendre l'atmosphère. C'était son petit talent caché. Elle devait tenir cela de sa mère bien qu'elle avait le sentiment que sa mère préférait de loin se tenir dans l'ombre et avait perdu l'énergie pour agir ainsi. Pour l'heure, Zoey avait encore la force de se battre pour les mâles de la famille, pour les réunir, les rassembler, faire en sorte qu'ils ne s’entre-tuent pas.

« Je suis déçu pour maman, je sais qu'elle voulait qu'on soit tous là. C'était important pour elle … j'ai essayé Zoey... Enfin, t'as bien vu. » Son sourire faiblit doucement et elle posa juste pour quelques secondes sa main sur le bras de son frère. Elle avait vu, en effet. Elle le voyait. Elle le voyait essayer de se battre contre vents et marées pour retrouver un semblant de place. Il voulait simplement être accepter et cela, elle le comprenait. Elle leur avait souvent demandé : pourquoi lui tourner le dos alors qu'on lui ouvre la porte ? Pourquoi jouer sur ces deux tableaux ? Elle n'avait jamais compris pourquoi ils ne l'acceptaient pas jusqu'au bout … Un soupir s'échappa de ses lèvres. « Je sais. » souffla-t-elle à son tour tout en posant la petite boîte en plastique sur le plan de travail. Elle s'empara des assiettes qu'il lui avait sorti pour déposer une part dans chacune des assiettes. « Il a l'air super bon en plus ! Maman devait être contente … c'est son préféré ? » « Je ne sais pas encore … disons qu'elle n'avait plus vraiment très faim après votre petit numéro. » Elle ne regardait pas son frère et était concentré sur les parts de gâteau. Dans sa voix aucun jugement, juste les faits. « Mais je te confirme qu'il est super bon. J'ai passé plusieurs heures à le préparer alors les Pearce ont intérêt à le manger. » Elle saisit une des assiettes pour la tendre à son frère, posant finalement son regard sur lui. Zoey affichait cet éternel sourire. Elle était tout simplement apaisante, et apaisée.

 « Je suis sûr qu'ils ont craché sur ma gueule quand je suis partie.. qu'est-ce qu'ils ont dit cette fois? » Les sourcils de la blonde se froncèrent alors qu'elle s'emparait de son assiette à elle. « C'est ce qui t'intéresse vraiment ? Savoir s'ils ont craché sur ton dos ? Est-ce que tu penses que vous allez vous reparler normalement ? Un jour ? Est-ce que tu penses que je suis folle si je me dis qu'il doit y avoir une possibilité de vous rabibocher …. »