tempête / elvis.

elle est pressée, la poupée. elle a bien trop à faire en si peu de temps qu'elle pourrait presque en perdre la raison. les effluves d'une soirée bien trop arrosée qui lui chatouillent encore les veines. la douleur imprégnée de ces jeux de la nuit passée. où les corps s'enlacent et s'embrasent. elle noie ses tourments dans le travail, l'alcool et le sexe. elle qu'est jamais vraiment passé à autre chose depuis oxford. elle qui croit avoir tourné la page mais qui s'retrouve bien trop souvent à errer dans ses souvenirs. elle qui, dans l'fond, à toujours le cœur attaché en angleterre. peu importe dans quel état son palpitant se trouve. piétiné, écrasé, déchiré. comme si, à quelque part, il lui appartenait toujours. elle émerge, dans c'grand lit bien trop froid. mouvement de recul quand son r'gard se pose sur le corps étendu à son côté. impossible de se souvenir de son prénom. elle a passé un bon moment, c'est tout ce qu'elle retient. qu'elle croit. pas bien certaine de tout ce qu'il s'est passé depuis la veille au soir, quand elle a quitté son bureau. elle le secoue, lui scande qu'il faut qu'il s'en aille. il n'aurait pas dû être là, à son réveil. bien rares sont les fois où elle les autorise à dormir avec elle. et puis, elle se d'mande bien ce qui lui est passé par la tête pour le ram'ner chez elle. la poupée qui découche bien plus souvent qu'elle n'a de la compagnie. elle n'entend que ses grognements, pousse un soupire bien trop lourd et file sous la douche. se laver de ses péchés, de ses pensées. elle doit se reconcentrer. course contre la montre qui la prend aux trippes. quand elle sort enfin de la salle de bain, il est toujours là. à peine habillé, il semblerait. elle le bouscule, l'envoie direction la sortie. pas le temps de s'attarder. certainement pas dans ses habitudes non plus. une fois la porte refermée, elle s'y adosse, quelques s'condes. juste le temps de prendre conscience que le rythme qu'elle a adopté n'est toujours pas le bon. vérité qui la tiraille, un peu plus à chaque jour qui passe. routine qu'elle ne semble pourtant pas décidée à changer. le café qu'elle se fait couler, le temps pour elle d'aller se changer. petite valise qu'elle doit préparer également. et du bruit qu'elle entend dans l'entrée. on tambourine à sa porte. elle souffle, lève les yeux au ciel. elle râle. qu'est-ce que t'as pas compris dans la phrase, j'veux plus t'voir ici. qu'elle grogne en ouvrant la porte. stop. net. t'es définitivement pas la personne que j'pensais. qu'elle glisse, un sourire qui vient étirer ses lippes. la colère dans ses yeux qui s'estompe immédiatement. qu'est-ce que j'peux faire pour le plus beau des p'tits frères d'la terre ? qu'elle demande en le laissant entrer. porte qui s'referme derrière lui. la gamine qu'a encore des sous-vêtements dans la main, qu'elle aurait dû déposer dans sa valise. à croire qu'c'est une habitude de montrer sa lingerie à qui veut bien la voir. concours de circonstances.

Décalqué d'la veille. Cette soirée trop arrosée ou il a encore promis d'se calmer. La chanson de Tryo désolé pour hier soir qui pourrait tellement le représenter. Son crâne qui lui crie de se calmer, son foie qui lui fait promettre de ne plus recommencer mais il sait bien que c'est éphémère et qu'il reprendra la route de la débauche bien trop tôt. Il s'rend chez Alexis, simple envie d'la voir qui l'a pris. Pas b'soin de douche, il fera cet effort plus tard. Elle s'en fout d'l'odeur nauséabonde qui s'échappe de toutes façons la frangine. Sa clope qu'il écrase juste devant chez elle, sur l'trottoir sans se faire chier à ramasser son mégot pour le mettre à la poubelle. C'est pas comme si la poubelle était à un mètre à peine. Juste pour râler après ce gars qui s'est pris pour un justicier et qui lui a collé son poing dans la gueule la veille. Comme s'il pouvait être lourd. Hérésie. Il fait comme chez lui et s'invite à l'intérieur sans demander son reste, c'est pas l'genre à prendre des gants où faire preuve de discrétion. Déranger, c'est son mode d'opération. Il s'sert un café frais et avance d'un pas vif. Froncement de sourcils quand il l'entend râler derrière la porte. Elle qui se ravise bien vite quand elle le voit et constate qu'il n'est pas celui qui n'est visiblement pas le bienvenue. j'espère putain. parce que si elle vient un jour à l'accueillir comme ça, il va grogner, c'est certain. facile j'suis le seul. Elle n'a pas d'autres petits frère alors elle ne se mouille pas vraiment en l'affublant de ce petit nom tout doux. D'son regard vitreux, il l'observe, les secondes qui défilent follement quand il remarque la valise. Visage qui pâlit. Visage qui devient plus terne encore qu'habituellement. WTF ? Dans son cerveau, ça vrille un peu, les souvenirs néfastes et sournois qui surplombent tout le reste. Elle fait quoi là ? P'tit couillon traumatisé par l'abandon de ses vieux. Par son abandon à elle. Ce serait pas la première fois qu'elle prendrait la décision de partir sans en piper mot aux autres, sans inclure la petite famille dans cette décision. Et s'il laisse croire au monde que ça l'a pas gêné qu'elle se casse, il lui en veut terriblement. tu vas où ? ton trop agressif face à la situation. Alexis qui doit pas pigé ce qui se passe dans son esprit tordu. Elvis s'approche d'un pas. Il ne lui laisse pas tellement le temps de répondre et reprend : c'est quoi c'te valise ? tu t'casses ? son sang ne fait qu'un tour dans ses veines. Son cœur tambourine dans sa poitrine. Trahison pectorale qui démontre qu'il tient beaucoup trop à elle même s'il criera le contraire haut et fort. Trop con pour simplement prendre le temps de discuter. Trop con pour ne pas simplement lui dire une chose : ne repars pas, s't'euplait. Parce qu'il a besoin d'elle Elvis. Vraiment.

y a vraiment des fois où elle se dit qu'elle devrait fermer sa porte à clé. poupée bien trop heureuse de trouver son frère dans son appartement, ça aurait pu être n'importe qui d'autre que ça aurait pu avoir des conséquences désastreuses. elle ne veut pas y penser. ne le saura jamais. elle se jure de ne plus jamais reproduire la même erreur. pour sa propre sécurité. parce qu'on ne va pas se mentir non plus, elle reste avant tout avocate et doit bien y avoir des gens qui se feraient un plaisir de mettre fin à ses jours. dans son propre appartement. ce s'rait risible. qu'elle pense. le gamin qui s'incruste. elle est bien incapable de l'sermonner ou même de lui en vouloir. j'espère putain. il sera toujours le bienvenu, peu importe l'état dans lequel il se trouve. jolie poupée bien incapable de l'recaler. facile j'suis le seul. elle grimace comme une enfant à qui on ferait un reproche. il est le seul, c'est vrai, mais pas loin d'être le plus important. quoi qu'il lui serait bien incapable de faire un choix. sauf en ce qui concerne les sœurs. là, y a pas photo. fais moi un café s'te plaît, vu qu't'as volé l'mien. qu'elle commande sans pour autant être autoritaire. l'avocate a bien trop de choses à faire avant de quitter son logement pour les jours à venir. si elle pouvait au moins gagner du temps sur la confection de son précieux café, ce ne serait pas mal. quoi que d'avoir son frère dans les pattes, ce n'est pas vraiment ce qui va la garder dans les temps. tu vas où ? elle cesse tout mouvement devant l'ton employé. surprise, sans aucun doute possible. c'est quoi c'te valise ? tu t'casses ? elle a bien du mal à comprendre pourquoi tant d'animosité. l'avocate qu'a toujours pas compris qu'la dernière fois qu'elle s'est envolée, c'est p'tre lui qu'a souffert plus que les autres. la p'tite lui a dit pourtant, mais Alexis n'a jamais voulu le croire. déni. œillères. la poupée lève les yeux au ciel. soupire. exaspération notable qu'elle ne cherche même pas à cacher. elle qu'est devenu facilement irritable, ou alors elle veut juste l'faire croire. paraître crédible. elle se perd lentement dans c'rôle qu'elle a décidé d'jouer depuis qu'elle l'a quitté. lui. oui, j'me casse. cassante. presque aussi sèche que lui. sans aucune raison apparente. p'tre juste parce que ça l'embête qu'il la prenne de haut, comme il le fait. j'ai une plaidoirie à faire à seattle demain, mon client à rencontrer avant. la justification qu'elle expose sans sourciller. elle qu'a été envoyée pour remplacer l'un de ses confrères qui se fait porter pâle pour ce dossier. je reviens dans deux jours, Elvis. et elle s'adoucit, immédiatement. le sourire en coin qui ne tarde pas à s'installer sur son visage. j'te l'promets. qu'elle souffle afin d'apaiser l'âme colérique qui s'tient droit d'vant elle. alors tu veux bien m'faire un café pendant que j'finis d'préparer mes affaires ... s'il te plaît. convainquante et convaincue. la poupée a une bonne excuse. et surtout, elle ne quittera probablement plus jamais port angeles. pas tant qu'ils auront besoin d'elle.

Elle a du virer un d'ses mecs de passage. Lui n'est pas d'passage, lui, il est là pour rester parce que même si essaye, la famille est un lien trop crucial pour être malmené. Alexis qui a déjà trop tiré sur le fil et qui peut pas s'permettre une erreur. Il boit une gorgée du café sciemment volé et râle quand elle lui demande d'aller en chercher un autre.  j'suis pas ta boniche Alex. Il est chiant. C'est un fait. Rarement d'accord quand on lui "ordonne" de faire des choses, constante contradiction avec le monde et l'autorité. Peut importe d'où qu'elle vienne. Elle ne demande pas fermement pourtant, plutôt comme un service qu'il pourrait rendre mais son attention s'concentre sur autre chose et il en oublie totalement de céder à sa requête. Elle est agacé et lui ça l'fout d'autant plus en rogne tandis qu'il serre le poing. Loyauté qui s'perd misérablement quand l'angoisse pointe le bout de son nez. Peur panique d'la voir se barrer. Encore. Elle l'a fait une fois. Elle pourrait très bien recommencer. C'est un foutu volcan dans sa tête. Regard à l'agonie tandis qu'son épaule vient épouser la porte, posture qui s'veut nonchalante. La colère qui gronde, prête à exploser. tu vas faire la pute avec qui ? Sa voix qui déraille, trahison d'son mal être. Y'a des claques qui s'perdent. Il ajoute ces mots pour pallier à son angoisse. C'est terrible d'être aussi con mais c'est plus fort que lui. Gamin dont l'impulsivité et la colère sortent trop vivement, souvent d'façon vulgaire et maladroite. Ceci dit, elle s'agace pas plus. Elle apaise plutôt avec ces mots et son sourire doux et tendre. Promesse qu'elle pose pour appuyer ces propos. j'm'en fous de toutes façons. Mon œil. Il ne réagirait pas si vivement s'il n'en avait rien à battre. Y'a des jours où il ressemble à un enfant Elvis. La maturité qu'il a du mal à assimiler. Il s'comporte comme un gosse à qui on a refuser une visite à Disneyland. tu fais c'que tu veux. ces mots qu'il ajoute plus pour se convaincre lui que elle. Soupire qui s'fait entendre quand elle demande à nouveau à ce qu'il joue les serveurs. Il se redresse, l'observe une seconde et se rend dans la cuisine pour sortir une tasse et la remplir du breuvage. Elle fait chier quand même. c'est bon, c'est prêt, tu viens ou quoi ? impatiente doucereuse. Les qualités qu'il ne cumule pas vraiment Elvis mais elle a l'habitude avec lui, c'est pas comme s'il se montrait sous un nouveau jour plus désagréable, il a toujours été ainsi. Rien de bien neuf sous le soleil. Alexis en fait souvent les frais étant donné qu'il n'a jamais pu poser des mots sur les émotions qui l'ont posséder quand elle est partie en Angleterre y'a de ça longtemps maintenant. Pas d'prescription dans sa tête.

déjà pas en avance sur son planning. l'homme qu'elle a dû virer d'chez elle pour retrouver un brin de sérénité. un brin de tranquillité. ça aurait pu fonctionner si son frère n'avait pas décidé d'faire irruption. foutue pour foutue, l'avocate accueille le cadet avec un sourire. parce que, dans l'fond, peu importe la situation, elle trouverait toujours du temps pour lui. elle prendrait toujours le temps. café volé ne sera pas remplacé. l'gamin qui râle et défie l'autorité. rien d'nouveau sous l'soleil, quand on y r'garde de plus près. la demande qui ne sera sans doute jamais réalisée, elle le sait et n'insiste pas. y a autre chose à gérer. comme l'humeur dévastatrice du gamin face à la valise posée sur son lit. elle devrait pourtant s'en douter, qu'ça n'a rien d'évident ni d'facile pour lui. elle devrait parce que la p'tite l'avait déjà avisée. mais non. Alexis a toujours préféré refuser cette éventualité. l'gamin qu'a bien trop d'mal a exprimé c'qu'il ressent vraiment. ça devrait lui mettre la puce à l'oreille. mais non. elle ne fait pas gaffe, la poupée. jamais. bercée par une utopie qu'elle a créé de toute pièce. sans doute pour lui permettre de mieux dormir la nuit. tu vas faire la pute avec qui ? prunelles qui s'assombrissent automatiquement. y a des fois, t'es vraiment trop con Elvis. langue qui claque, la poupée qu'a pas spécialement envie d'rire. une affaire pourtant banale qu'elle doit traiter. les affaires courantes du quotidien d'une avocate. cas simple qui devrait être plié en une heure, p'tre deux, maximum si la défense fait traîner les choses. j'ai pas à m'justifier et d'toute façon, t'en a rien à carrer, vrai ? pas dupe, la poupée. tout c'qu'il fait, c'est d'cracher sa peur panique de l'abandon. tout c'qu'il fait, c'est d'essayer d'la retenir, pour pas qu'elle mette les voiles. pas comme la dernière fois. elle commence à l'comprendre. doucement mais surement. elle commence à l'comprendre, même si elle ne veut pas l'admettre. et elle promet, qu'elle va rentrer. dans deux jours. la durée est courte, la promesse est scellée. soufflée. douceur. j'm'en fous de toutes façons. elle le r'garde, incapable de l'croire. ouais, bien sûr. elle ne cherche absolument pas à dissimuler qu'elle a comprit son p'tit manège. l'sourire en coin qu'étire ses lippes. princesse victorieuse par la force des choses. ou tout simplement parce qu'elle ne le connait que trop bien. qu'elle croit, qu'elle s'imagine. seconde tentative d'avoir un café le temps de finir ses préparatifs et l'gamin qui quitte la pièce. elle ferme les yeux, deux ou p'tre trois secondes, avant d'finir d'boucler son sac. c'est bon, c'est prêt, tu viens ou quoi ? soupire glisse entre ses lippes. poupée ferme la valise et la ramène dans l'entrée. tu vois, quand tu veux, tu peux être adorable. grand sourire. elle s'moque. un peu. beaucoup. jolie poupée s'empare de sa tasse avant qu'il ne décide de le lui j'ter à la figure. dis ... t'as parlé aux autres récemment ? question empoisonnée. un peu. pas vraiment. elle sait qu'les avis sont partagés dans la fratrie. elle sait qu'elle n'a pas fait le bon choix, aux yeux d'tous, quand elle a sorti le plaidoyer d'sa vie et renvoyé l'vieux en taule. jolie poupée qu'évite pas mal les coups d'fil depuis. gorgée d'café avalé. comme pour faire passer plus facilement la pilule. que des conneries.

Sa connerie n'est que le reflet d'son intelligence, parce qu'il est loin d'être stupide le gosse. Observateur maladroit par contre, il sait pas toujours interpréter ce qu'il voit parce qu'il laisse son cœur -ou sa bite, fonction de la situation- parler pour lui. Sa tête qu'il penche en regardant la lingerie trop coquine pour un rendez vous travail. Il hausse les épaules. non c'est sur, j'm'en fous. Elle peut bien se taper qui elle veut sa frangine, tant qu'y'a pas un crétin qui lui fait du mal. Non parce qu'il a pas l'air comme ça sous ses airs de demeuré mais c'est un gentil. C'est un gosse qui donnerait tout pour sa famille, même sa vie, enfin, si cette dernière avait un tant soit peu de valeur. Alexis l'connait bien d'toutes façons alors quand elle retire ses œillères, elle est capable de voir clair dans son petit jeu. Elle sait qui il est. Elle ne subit pas seulement l'image qu'il renvoie. Elle le connait mieux qu'ça. Assez pour comprendre sa peur primale. Et si un jour elle a tenté de l'éluder, c'est surement parce que la culpabilité qui allait avec était trop lourde à porter. Et le p'tit con ne rate pas une occasion de lui dire qu'elle a merder. Il arque un sourcil quand elle prononce le mot adorable pour le qualifier. tss arrêtes tes conneries. qu'il siffle entre ses dents. tu m'as pris pour un chaton ou quoi ? Ce mot qu'il exècre autant que "mignon". Réaction trop vive à sa moquerie comme à chaque fois mais si elle l'a fait, c'est aussi pour taquiner son égo et pour s'amuser de ses réactions disproportionnés. Pour lui, ce sont des adjectifs que l'on attribut à des animaux ou genre des enfants. Ce qu'il n'est pas du tout. Non, vraiment pas du tout. Il lève les yeux au ciel quand elle mentionne les autres. Visage trop expressif pour son propre bien.tu veux dire est ce que j'ai parlé à Rose ? Non parce que concrètement, c'est la seule qui en veut véritablement à Alexis, les autres lui pardonnent aisément son inconsidération face au paternel qui s'est foutu dans la merde tout seul. Elle finira par comprendre qu'il est mieux là où il est avec les autres déchets. Il hausse les épaules, faussement nonchalant, comme si son père n'avait plus aucune importance dans son cerveau. Foutu hypocrite. Il y tient trop à son vieux père. Il lui en veut tellement qu'il rêverait de lui en coller une pour avoir foutu en l'air cette famille. Parce que c'est d'sa faute s'ils sont tous abimés les gosses. mais non, j'l'ai pas vu dernièrement. qu'il continu pour étayer son propos. C'est pas celle dont il est le plus proche la plus âgée des Jenkins. Trop différents l'un de l'autre, l'écart d'âge qui a creusé le fossé. Le lien le plus indéfectible qu'il possède avec la fratrie est évidement celui qu'il entretient fièrement avec sa jumelle, Alexis est pas loin derrière ceci dit même si c'est loin d'être aussi fusionnel.

ils se toisent, se chamaillent. ils se cherchent et finissent bien souvent par se trouver. et bien trop souvent encore, c'est elle qui baisse les armes en premier. si cela ne la dérange pas de bousculer ses aînées, la poupée est beaucoup plus réticente à torturer son cadet. elle pourrait, si elle le voulait. mais ça n'arrive jamais. elle le laisse bougonner dans son coin. il finira par s'calmer. comme toujours. il s'agace pour pas grand chose pus la pression retombe, une fois la vérité déballée. poupée pas du genre à mentir, elle manie certes le verbe comme peu, omet quelques détails qu'elle juge sans importance, mais elle ne ment jamais. son histoire de plaidoirie à seattle est vraie. quant au reste, ça n'a aucune importance et ce n'est certainement pas à lui qu'elle se confierait à ce sujet. d'autant que ses histoires de fesses ne regardent qu'elle et que, de toute façon, personne n'a à juger ses choix plus ou moins discutables. depuis la descente aux enfers en angleterre, la poupée fait d'la merde en matière de relation sentimentale, elle ne le niera pas mais ne prendra pour autant pas la décision de s'étendre sur le sujet. tss arrêtes tes conneries. tu m'as pris pour un chaton ou quoi ? elle hausse les épaules, poupée insolente. c'est l'côté agressif, c'est tentant d'confrondre. l'sourire qui ne la quitte pas. le sourire espiègle qu'elle offre à ses proches. pas souvent donc. à moins de passer trop de temps en leur compagnie. l'avocate a besoin d'poser la question qui lui brûle les lèvres. la question qui la tourmente. parce qu'elle a beau être ferme sur ses positions, elle a beau ne pas vouloir lâcher l'morceau, sa sœur aînée lui manque. quoi qu'elle en dise, quoi qu'elle montre. elle n'ont jamais vraiment été proches mais elle reste la première née d'la fratrie. et ça compte. tu veux dire est-ce que j'ai parlé à Rose ? elle grimace légèrement, le prénom qui lui donne des frissons. malgré elle. elle finira par comprendre qu'il est mieux là où il est avec les autres déchets. l'avocate n'est pas de cet avis et ne le sera probablement jamais. parce que même si la tendance s'inversait, elle ne pourrait pas tomber dans l'panneau. les mots bien trop durs de son aînée pour la décrire, la dernière fois qu'elles se sont croisées, lui restent gravés en mémoire. mais non, j'l'ai pas vu dernièrement. elle se cache derrière sa tasse de café pour acquiescer. elle en vient à penser qu'elle mijote quelque chose dans son coin. quelque chose qui lui coûterait cher. une mauvaise intuition qu'elle ne peut prouver. croisade qu'elle ne veut pas entamer non plus. au risque de paraître complètement cinglée. déjà qu'elle n'est pas passée pour très nette quand elle a enfermé l'vieux, faudrait pas non plus que ça vire à l'obsession toute cette histoire. tu sais combien elle vénère papa. y a rien qui lui f'ra changer d'avis sur lui. pensive. quelques instants. t'aurais vu son r'gard ... c'était ... elle fronce les sourcils, le temps d'se repasser la scène, en silence. et elle oublie, compartimente. surtout. l'voile de doute qui quitte ses iris et les couleurs qui lui r'viennent aux joues. ça va toi, au fait ? t'avais b'soin de quelque chose ou j'te manquais juste un peu trop ? les dents qu'elle dévoile alors que son sourire s'élargit. comme si de rien n'était.

Alexis est probablement celle qui a le plus de caractère après son benjamin. Il est même possible qu'elle dispose de plus d'insolence qu'Elvis, elle est juste moins visible, adressée quand il le faut alors que lui ne se modère pour personne, même les inconnus. Elle soule avec ces sourires à la con et ces regards espiègles mais elle a l'droit. Elle a l'droit parce que c'est elle. Il ne tolèrerait pas si facilement que quelqu'un d'autre joue avec ces nerfs de cette façon. Elle est subtile pourtant en apportant le sujet familial mais Elvis est moins stupide que ce qu'il veut bien montrer et comprend assez rapidement qu'elle mentionne plus l'ainée que les autres. La seule qui lui en veut véritablement pour ce qu'elle a fait. Elvis est plutôt du genre a donner un avis sur tout et chacune sait ce qu'il pense de cette querelle puérile. Et pour qu'le gosse trouve un truc enfantin, c'est énorme. elle le vénère parce que c'est le chouchoute. Trop franc pour peser ses mots. Trop impulsif pour ne rien dire. Il a toujours vécu cette impression comme une injustice, même à l'époque où les deux parents étaient sains. Lui qui faisait à l'époque déjà son intéressant pour qu'on le regarde. elle croit encore qu'il en a quelque chose à foutre de nous. C'est pas le cas. Cet homme n'éprouve rien pour ses enfants, sinon, ils n'en seraient pas là, sinon, il n'aurait pas joué aussi aisément avec sa vie. Constat déplorable mais véridique. Elvis est persuadé qu'aucun ne ses parents ne l'aime véritablement. Putain, s'il savait. elle pourra pas t'en vouloir éternellement d'toutes façons. Tu veux qu'je lui parle ? Pas persuadé que ces mots arrangent la situation, bien au contraire. Il est trop brusque, incapable de jouer les médiateurs. Une proposition qu'il regrette presque instantanément. ou vous vous demmerdez avec vos histoires de gonzesses en même temps, vous faites chier. Sourire qu'il pousse à son paroxysme quand elle lui demande si elle lui manquait. Il la pousse presque tendrement à l'épaule et secoue la tête, comme si elle venait de dire la plus grosse connerie du monde. j'me suis fait viré du golf. T'aurais pas 20 balles pour que j'me prenne des clopes. Pas la première fois qu'il lui taxe de l'argent à sa frangine, elle gagne mieux sa vie que lui alors elle peut bien lui en refourguer, juste un petit peu. Puis, c'est presque pas de sa faute cette fois si on l'a convié à quitter les lieux sans revenir, c'est à cause de cette foutue cliente qui s'est prise pour la reine d'Angleterre. s'il te plait. qu'il ajoute, comme si ça pouvait avoir un impact sur ce qu'elle pourrait lui répondre. Il se gratte la tête et termine son café en portant la tasse à sa bouche.

nuage gris qui passe au beau milieu d'son ciel trop clair. même si elle est en froid avec sa sœur aînée, pour les meilleures raisons du monde, elle ne peut s'empêcher d'vouloir savoir. elle a besoin d'informations. elle a besoin qu'on lui dise que ça va aller. les filles ne se sont jamais vraiment entendues, ça a toujours été assez houleux. mais elles se sont toujours respectées. jusque là. elles s'aimaient bien trop pour être en colère l'une contre l'autre pendant longtemps. et puis, tout a changé. parce qu'Alexis a fait tomber l'paternel de son piédestal. et l'aînée n'accepte pas le comportement de sa cadette. les mots violents, les regards foudroyants. tout a changé. et elle le vit mal, l'avocate. même si elle s'y attendait. impossible d'avoir une conversation avec sa sœur, ça la ronge. connerie que de se tourner vers le gamin mais elle saute pourtant à pieds joints sur l'occasion. elle le vénère parce que c'est la chouchoute. elle croit encore qu'il en a quelque chose à foutre de nous. vérité qu'elle ne peut nier. y a pas d'réconfort auprès d'Elvis. y en aura probablement jamais. elle n'en recherche pas non plus, faut bien l'avouer. c'est pas sur son épaule qu'elle s'rait v'nue chialer le cas échéant. gorgée d'café avalée. elle pourra pas t'en vouloir éternellement d'toutes façons. tu veux qu'je lui parle ? arrêt sur image. la poupée arque un sourcil. comme si cela relevait de l'exploit. comme si le simple fait qu'il puisse penser à cette alternative relevait du miracle. ou vous vous demmerdez avec vos histoires de gonzesses en même temps, vous faites chier. et là, elle le retrouve. rire qu'elle retient en s'cachant à moitié derrière sa tasse. ouais, vaut mieux que j'm'en occupe. qu'elle glisse, légère grimace. on ne va pas s'mentir, l'avocate n'a pas envie que son frère tape du poing sur la table. ça ne pourrait que mal finir. lui et sa franchise abrupte. y a rien d'bon qui sortirait d'un coup d'colère de sa part. et elle le sait. pertinemment. elle est capable de désamorcer les bombes qu'il pose, comme celle de tantôt. mais ses capacités ont des limites. et, en silence, elle craint qu'un jour, elle ne soit plus capable de le calmer. idées bien trop sombres qu'elle balaie en changeant drastiquement de sujet. besoin de respirer de nouveau et surtout de changer de sujet. la vanne trop facile qui lui vaut une légère bousculade. dans l'fond, elle sait qu'même si elle avait raison, il ne l'admettrait jamais. alors elle considère sa réaction comme une réponse positive à sa question. ne serait-ce que pour lui mettre un peu d'baume au cœur.  j'me suis fait viré du golf. t'aurais pas 20 balles pour que j'me prenne des clopes. s'il te plait. bien évidemment. ça aussi, elle aurait dû l'voir venir. à des miles à la ronde même. mais non. jolie poupée croit encore au monde des bisounours, seulement quand il s'agit de sa fratrie. ben voyons. c'est quoi cette fois-ci ? parce qu'y a toujours un motif à un renvoi. elle ne compte plus le nombre de job qu'il a bien pu exercer. gamine abandonne sa tasse à moiti vide sur le comptoir pour aller chercher la précieuse monnaie. tu crois qu'un jour t'arriv'ras à garder un taff plus d'une semaine ? qu'elle tacle en déposant l'double de la somme demandée à la base devant l'gamin. précieux liquide noir retrouvé et nouvelle gorgée savourée. t'as d'l'avance pour la prochaine fois fais en bon usage. bullshit évident. ils savent très bien, l'un comme l'autre, qu'elle ne pourrait jamais rien lui r'fuser. faudrait qu'elle risque sa carrière ou cache un corps pour lui, qu'elle le f'rait sans hésiter. alors c'est pas lui lâcher quelques billets qui la f'ra hésiter. surtout qu'elle a largement de quoi se l'permettre.

Mère d'substitution, elle a du jouer ce rôle ingrat. Elle et les autres. Parce qu'Elvis est un gosse en colère, l'genre a crier qu'il va mal en hurlant. Les responsabilités de l'âge adulte qu'il refuse d'endosser. Il préfère rester là où il est. Il préfère continuer sa vie de con comme elle est. C'est plus simple. Puis à force de décevoir le monde, les autres n'ont plus tellement d'attentes. Ils jugent pas non plus ses propos, ces mots parfois mesquins. On l'excuse Elvis. Parce que c'est lui. Parce qu'il est comme ça. Elvis est loin d'être quelqu'un sur qui on peut compter, les blessures du passé qu'il parvient pas à avaler et il crache sur quiconque porte atteinte à ce qu'il croit être. Puis à force de jouer au p'tit con, il a finit par en devenir l'archétype. Un bon cliché ambulant. Difficile de se dire qu'il serait là si un jour les choses se barrent en couilles, trop vite et trop loin. Plutôt du genre à envenimer un peu plus la situation que de l'apaiser. Explosion d'humeur. Epaule compatissante qu'il ne sera jamais, ce rôle déjà occupé par la jumelle. il paraitrait que j'suis pas assez professionnel. qu'il dit en haussant les épaules. Il s'en fout. Il trouvera autre chose, ce n'est pas le premier, ni le dernier job qu'il saborde. Enfin cette fois c'est surtout sa faute à elle, princesse qui hante ses nuits. Il en parle pas ceci dit, comme s'il allait confié à sa sœur qu'la gamine a provoqué un véritable chaos dans son cœur. Faudrait déjà qu'il commence par l'admettre. une cliente casse couille. qu'il ajoute simplement, l'air de rien avant de ramasser les billets sur la table, un merci qui ne viendra jamais si elle s'attendait à ce qu'il prononce ces mots. Il n'en fait rien. Narcissisme à son apogée. Sa tasse terminé qu'il repose contre la table.  tu veux j't'emmène à l'aéroport ? Parce qu'il lui doit bien ça et à part vadrouiller à la recherche d'un nouveau job, il a pas grand chose à foutre. Surtout qu'dans ce trou, il ne trouvera un tabac d'ouvert qu'à l'aéroport un dimanche mais s'il peut récolter les lauriers d'une bonne action. Puis dans le fond, il aurait accompagné sa frangine sans tous ces paramètres si elle l'avait demandé. Parce qu'il a pas l'air comme ça, mais il possède un cœur immense. Un cœur qui bat trop fort et cause pas mal de tourments. Il sait juste pas trop comment l'utiliser mais Alexis est plus importante qu'il ne le dit. Parce que oui. Il l'aime putain. Il l'aime à en crever sa frangine. Lui qui s'jetterait sans hésiter sous un bus pour la sauver s'il le devait. Mais ça, il l'dit pas. Parce qu'on ravale ses émotions dans la famille. On biaise. On est trop fiers et trop con pour comprendre que c'est normal de se dire ce genre de choses. C'est trop dysfonctionnel.